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Hôtel de Bourgtheroulde, Rouen
Situé en plein centre ville historique de Rouen, l'unique cinq étoiles de la ville est une véritable curiosité. Inauguré en avril 2010, cet hôtel étonnant séduit au premier coup d'œil par son aspect extérieur et son architecture inchangée depuis la Renaissance. | Par Axel Zeppenfeld
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Construit au XVIème siècle, l'édifice trône toujours sur la charmante place de la Pucelle, malgré les destructions partielles, bravant les années et les aléas de l'histoire. Voilà sans doute le charme principal et la raison d'être de cet hôtel qui s'enorgueillit de brasser les styles et d'entrecroiser les époques.
Pour donner une idée de la grâce singulière du lieu, il convient de faire un rapide retour sur son histoire. Cet hôtel particulier, construit pour la famille Le Roux (Guillaume II Le Roux fut membre de l'Echiquier de Normandie et conseiller de Louis XII), avec son style à cheval entre le gothique (pinacles, arc brisés) et la Renaissance italienne, est une excellente illustration de la transition entre deux époques. La façade est ornée d'une salamandre, emblème de François 1er. Augmenté d'un pavillon de style classique, après un incendie vers 1770, le bâtiment fut également partiellement reconstitué, à la suite des bombardements de 1944, qui virent sa tourelle polygonale s'effondrer. Ailleurs, dans sa cour centrale, de nombreux bas-reliefs sculptés dans la pierre calcaire, scènes allégoriques, sont intacts. Classé monument historique en 1924, l'hôtel de Bourgtheroulde (prononcé « bourtroud' ») devint, après-guerre, le siège du Crédit Industriel de Normandie, jusqu'à son rachat, en 2006, par la Société Lilloise d'Investissement Hôtelier.
La décoration discrète et la mise en lumière de la cour représentent une transition assez subtile entre l'aspect extérieur et l'architecture intérieure de l'hôtel. L'imaginaire du voyageur, pénétrant le hall d'entrée, dominé droit devant par le bar, est d'emblée mis à contribution. Et là, c'est une affaire de goût. Des matières inattendues le disputent à des teintes parfois un peu accablantes, en tout cas expressives et vives. Une impression générale de modernité manifeste se fait ressentir, par contraste avec la devanture (et ce, malgré le « sas » que représente la cour).
Sur la gauche, le beau bar de l'Atrium, tout de longueur et de lumière, bénéficiant d'un service impeccable et élégant, mène jusqu'au piano et à un double escalier. Le balcon qui entoure le hall accueille des expositions d'artistes locaux, renouvelées tous les deux mois. Les larges canapés de l'Atrium sont surplombés d'une verrière Art Déco assez spectaculaire, surtout en journée, lorsque les rayons du soleil font briller une myriade de perles sur le plafond. Enfin, ultime atout de cette entrée en matière, le sol transparent laisse entrevoir, cette fois, plus sensiblement en soirée, les vaguelettes azures et les brasses de la piscine, située à l'étage du dessous. L'atmosphère balnéaire, dès l'entrée, est adroitement mise en rime par deux tableaux hyperréalistes surprenants. L'un, d'une femme, l'autre d'un homme, tous deux en sous vêtements, placés autour de la salle. Cette touche audacieuse est peut-être l'attrait principal d'une décoration, qui ne laissera pas indifférent, dans le contexte relativement balisé d'un cinq étoiles.
Qu'attend-on d'un établissement de cette tenue ? Les critères gastronomiques, le service, l'hygiène extrême, le spa (en l'occurrence) en constitue l'essentiel. En l'espèce, les chambres (au nombre de 78) ne sont pas l'attrait principal. Aménagées dans un lieu préexistant, elles ont chacune une personnalité à part entière et s'échelonnent sur une gamme de prix offrant essentiellement trois possibilités (de 220 à 580 Euros). L'option de base propose un espace relativement sommaire, quoique impeccable. L'hôtel ne dispose pas de suite, à proprement parler, mais de chambres plutôt spacieuses, dotées d'une combinaison de douche italienne et baignoire, d'une machine à expresso pour certaines d'entre elles, d'un minibar assez rudimentaire et d'écrans plats pour toutes. Les lits king size sont composés deux plus petits, accolés, mais demeurent très confortables.
Après un petit-déjeuner de haute tenue, Bourgtheroulde propose une carte brasserie aux « 2 Rois » qui, dans un décor agréable et lumineux, ouvert sur la place de la Pucelle, propose une cuisine relativement simple mais de qualité, lorsqu'elle se contente justement... de rester simple et évite l'assemblage (essayez le velouté de champignon). Pour dîner dans un cadre plus prestigieux, la carte de l'Aumale met, elle, les petits plats dans les grands. Si l'on passera sur le dessert, nous fûmes agréablement surpris par cette carte résolument tournée vers la qualité du produit et non dépourvue, comme il se doit, de quelques touches d'originalité. Le foie gras, irréprochable, quoique sans surprise, les langoustines juste saisies avec leur poivrade d'artichauts, décisives, sont les points forts des entrées. Ensuite, le rouget Barbet sur lit de champignon et son bouillon d'oursin juste crémé ou le tendron de veau en cuisson lente, avec ses macaronis à la truffe d'été sont une réussite.
Le très beau SPA, enfin, de 700 m², offre tous les services haut de gamme que l'on peut attendre d'un tel endroit. Le service, les soins, la configuration spatiale et la décoration sont au rendez-vous et constituent sans doute, le point fort et drainent l'essentiel de la clientèle d'un hôtel, qui gagnerait, par ailleurs, sur certains points, à bénéficier d'une plus grande attention au détail.
Le sympathique directeur du lieu, Arnault Kindt, le dit lui-même, il aurait sans doute été hors sujet, voire un pléonasme, vain en tout cas, de vouloir reproduire à l'intérieur, l'aspect extérieur de l'hôtel, de rendre le poids de l'histoire dans des murs qui n'en manquent déjà pas. Même s'il ne fera pas l'unanimité, il fait preuve d'une audace et d'une originalité louable. Un tel lieu, quelque peu inattendu dans une ville telle Rouen, parvient à justifier son existence, en se démarquant des autres.
Axel Zeppenfeld
Bourgtheroulde en quelques chiffres...
80 chambres de 220 à 580 €
2 restaurants
Brasserie "Les 2 Rois"
Ouvert tous les jours
Gastronomique "L'Aumale"
Du mardi eu samedi
Le Bar "l'Atrium"
Ouvert tous les jours de 9h à minuit.
Le Spa du Drap d'Or
Du lundi au vendredi de 11h à 20h
Le samedi de 9h à 20h
Le dimanche de 10h à 18h30
5 salles de séminaires et banquets
- Les Triomphes : 220m2 - 200 personnes
- La Salle du Conseil : 67m2 - 60 personnes
- Le Salon de la Pucelle : 50m2 - 40 personnes
Accès direct sur Cour d'Honneur
- La Galerie : 28m2 - 20 personnes
- La Conciergerie : 16m2 - 5 à 8 personnes
Hôtel de Bourgtheroulde *****
15, place de la Pucelle
76000 Rouen
tel +33 (0)2 35 14 50 50
fax +33 (0)2 35 14 50 60
email : infos @ hotelsparouen.com
site : www.hotelsparouen.com