Magazine >> Santorin, île grecque
Santorin, île grecque hors du temps
Île somptueuse et unique
en son genre,
Santorin est une sorte
de lieu lunaire
en pleine Méditerranée,
que l'on aborde avec fascination
mais aussi avec un certain frisson.
Texte : Caroline PLAT - Photos : L. NOLIUS / C. SALLETTE
Partager :
Santorin : villas
En arrivant par ferry du Nord, à partir d'autres îles des Cyclades telles que Ios ou Naxos, l'impression de ce volcan perdu en pleine mer est absolument saisissante. Cette énorme masse rocheuse, à moitié engloutie et campée à la lisière de la mer de Crète semble tout juste surgie des profondeurs sous-marines et flotter au milieu de nulle part. L'on pénètre lentement par bateau à l'intérieur du cratère immergé en contournant le pic septentrional de l'île de Théra (autre nom de Santorin), sur le sommet duquel le village de Oia est vertigineusement perché. De la pointe nord de l'île principale jusqu'au port, un panorama multicolore des différentes couches volcaniques orne les falaises escarpées de 60 à 120 mètres de haut qui ceinturent l'intérieur du croissant. Une impression d'étrangeté et d'intemporalité règne sur les lieux. Vis-à-vis de Théra et au centre du cratère, nous longeons par bateau le piton volcanique de Nea Kameni, volcan dormant mais toujours en activité, qui veille sur Santorin d'une manière inquiétante...
Entre mythe, luxe et mystère géologique, Santorin offre un décor fastueux
Santorin telle qu'elle est dessinée aujourd'hui est le résultat d'une des plus importantes éruptions volcaniques de l'Antiquité, ayant eu lieu autour de 1640 av. J-C, et dont le cataclysme dévastateur qui ravagea une bonne partie de la Méditerranée de l'Est fut à l'origine du mythe de l'Atlantide.
Le cratère du volcan, creusé par une succession d'éruptions volcaniques majeures remontant à plus de deux millions d'années, est composé de cinq îles distinctes : Néa Kaméni, Paléa Kaméni, Thérasia, Aspronissi, et Théra, l'île principale en forme de demi-lune, au creux de laquelle se nichent le port principal et la ville de Fira.
L'attrait intemporel et vertigineux de Santorin est indissociable d'un certain voyage au pays des songes. Car l'histoire mythique de Santorin en fait l'un des lieux possibles de l'Atlantide : cette île racontée par Platon dans le Timée et le Critias, où vécut une civilisation aux origines divines, engloutie par la mer suite à un contentieux avec les dieux de l'Olympe.
Aborder Santorin c'est donc aussi renouer avec l'un des plus vieux mythes de l'humanité et de l'âge d'or perdu.
L'impression de vertige donnée par Santorin n'est sans doute pas étrangère non plus à une certaine activité souterraine et bien réelle. Car l'île est située dans une région extrêmement sensible où les continents d'Afrique et d'Europe s'affrontent régulièrement suivant un mouvement de tectonique des plaques à l'origine de séismes et de volcanismes. Santorin n'a cessé au cours des siècles, d'être engloutie et de ressurgir des eaux : plusieurs éruptions volcaniques successives faisant disparaître et apparaître de nouvelles îles, telles que Paléa Kameni, relativement récente, et Néa Kaméni, apparue au cours du XVIIIè siècle.
Fira
C'est sur le site archéologique d'Akrotiri, la " Pompéi préhistorique ", à 9 km au sud-ouest de Fira, et faisant face à l'île de Crète, que les amoureux d'histoire et les rêveurs pourront plonger véritablement dans une cité antique parfaitement préservée. Avec ses immeubles de deux ou trois étages, ses fresques, ses magasins et ses rues, Akrotiri dévoile une partie du mystère touchant la civilisation minoenne, et éclaire sous un jour nouveau le mythe de l'Atlantide. On y raconte notamment comment les derniers habitants de Théra, qui constituaient la civilisation minoenne, quittèrent précipitamment les lieux aux premiers signes de la catastrophique éruption de 1640 av. J-C qui allait ensevelir leur île.
Près d'Akrotiri, sur la face extérieure du croissant, se cache l'une des plages les plus envoûtantes qui soient, " Red Beach ", une étroite plage de fin sable noir logée dans une crique entourée de hautes falaises d'un rouge sang vif. On y accède à pied, en escaladant et contournant quelques abrupts rochers, aux détours desquels on découvre soudainement cette splendeur naturelle, où le sable d'un noir charbon et presque aussi brûlant que la lave s'ouvre sur les eaux cristallines de la mer de Crète.
Hôtels troglodytes en pierre ponce
Le plus beau site de Santorin est sans aucun doute le village de Oia (qui se prononce " ia "), haut perché sur le versant nord du croissant. À dix kilomètres de Fira, l'accès à Oia est pittoresque et de plus en plus vertigineux aux abords du village, lorsque la route unique qui y conduit serpente sur un couloir de terre étroit au bord du vide. Avec ses maisons blanches et ses hôtels de luxe troglodytes, creusés dans la cendre volcanique et construits en voûtes, parfois sur plusieurs étages ; avec ses boutiques de luxe, ses joailliers, avec ses piscines et ses jacuzzis construits à moins d'un mètre du vide, Oia offre un panorama de rêve, surtout la nuit, lorsque de n'importe quel point de vue en surplomb se contemplent à loisir la baie, le piton volcanique de Nea Kameni et les autres îles ceinturant le cratère.
Une plongée au cœur du volcan
Nea Kameni, volcan dormant mais actif, produisant des fumerolles de 100° qu'il est possible d'observer lors d'une excursion organisée, est un autre lieu des plus étranges et singuliers de Santorin. Il faut s'y rendre par bateau, grimper et marcher sur ces rocs durs et presque brûlants, aux couleurs époustouflantes allant du rouge au vert. On peut ensuite se rendre à l'île de Paléa Kameni, située tout à côté à l'Ouest, plonger dans la mer et nager jusqu'aux sources chaudes, véritable " must " de Santorin. Mais attention, le trajet à la nage du bateau aux sources chaudes est réservé aux adeptes de la nage en mer. Il vaut néanmoins la peine de se jeter à l'eau les yeux fermés pour aller goûter à cet unique et extraordinaire bain volcanique.
Caroline Plat