Magazine >> Périple sur la côte dalmate
Périple sur la côte dalmate
Une nature époustouflante (trois parcs nationaux, des paysages aquatiques uniques), un patrimoine architectural sans pareil (quatre sites classés par l'UNESCO) et des attractions touristiques à toutes les étapes... Un concentré de Méditerranée !
Partager :
La Dalmatie - composée de la bande côtière méridionale de la Croatie - est pour d'évidentes raisons la région la plus touristique du pays. Dans les années 1930 déjà, ses côtes échancrées avaient acquis une véritable notoriété grâce aux séjours du roi abdicateur Edouard VII et de Wallis Simpson. Comme souvent s'agissant de destinations mythiques, celles-ci présentent de nombreux atouts qui se conjuguent en harmonie. Seule leur réunion permet de reconnaître un lieu d'exception.
Plus qu'ailleurs en Croatie, c'est sur cette terre dalmate que se sont enracinées les civilisations à travers les siècles, et dont les richesses sont conservées sur un périmètre aussi étroit. Il suffit en effet de parcourir quelques kilomètres seulement pour admirer les témoignages laissés par les différents courants culturels qui ont traversés la région : monuments de l'Antiquité romaine, reliques de la première époque byzantine, vestiges de l'époque préromane, puis romane, empreintes gothiques, multiples constructions de la Renaissance. L'alibi culturel est omniprésent à chaque coin de rue, comme sur les îles de cet archipel labyrinthique que forme la côte dalmate. Cette fameuse côte dalmate justement, et son découpage si particulier que l'on parle à son propos de littoral « de type dalmate ». Des îles à perte de vue, petites ou grandes, de récifs ou de falaises, boisées ou karstiques, peuplées ou non, abritant des monuments historiques ou des parcs nationaux, entourées d'une mer d'une transparence vertigineuse et qui est la mieux préservée et la plus diversifiée en écosystèmes méditerranéens.
Pour un aperçu fidèle de cette Dalmatie côtière, rien de tel que de suivre un itinéraire reliant ses quatre principales villes, du nord au sud : Zadar, Sibenik, Split et Dubrovnik.
La ville de Zadar subjugue le visiteur avec son centre historique situé sur la péninsule. Il renferme les vestiges des civilisations qui se sont succédées, depuis l'époque romaine jusqu'à l'influence italienne. L'archipel des Kornati, qui fait face à la ville, est l'occasion d'une première excursion maritime. Il rassemble 150 îles sur 300 km² seulement, qui sont un hymne à la beauté et à la nature. Ces îles constituent un parc national, la flore et la faune sous-marine y sont exceptionnellement riches (plus de 300 espèces animales et 350 espèces végétales). Le petit lac Mir sur l'île de Dugi Otok mérite absolument le détour !
De retour sur la terre ferme et juste avant d'atteindre Sibenik, se jette la Krka, magnifique rivière classée parc naturel. Elle creuse son lit dans un paysage karstique, succession de gorges profondes, lacs et cascades. A mi-parcours, la Krka s'élargit sur 13,5 km pour former un lac, le Visovacko, au centre duquel se trouve l'îlot verdoyant de Visovac, qui abrite un couvent franciscain datant de 1445. Passée l'embouchure, voici Sibenik, ville médiévale construite par les princes croates aux Xè et XIè siècles et possédant les plus impressionnantes fortifications de Dalmatie. Comme les autres grandes villes dalmates, elle est admirable pour ses monuments historiques et ses palais. Sa cathédrale Saint Jacques est inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Korcula
En poursuivant vers le sud en direction de Split, une nouvelle attraction touristique s'offre aux visiteurs avec la presqu'île de Primosten, petit village de pêcheurs typique ; puis autre passage obligé : la cité médiévale de Trogir, site protégé par l'UNESCO (et de deux !) en raison de ses nombreux monuments culturels et de son centre architectural médiéval. En quittant Trogir, la route côtière traverse les sept villages fortifiés de la baie des Châteaux. Puis c'est l'arrivée à Split, capitale régionale et deuxième plus grande ville de Croatie (200 000 hab.), fondée par l'empereur romain Dioclétien qui fit édifier son palais en bord de mer, loin des intrigues de Salona, l'ancienne capitale dalmate de l'époque romaine (aujourd'hui Solin, dont on visite les vestiges). Ce palais qui porte son nom est une sorte musée à ciel ouvert de 30 000 m² (!) où les passants, les résidents et les touristes déambulent dans ces enceintes qui ont accumulé les marques des époques traversées. Dans chaque recoin de l'ancien palais, les découvertes ne se tarissent point, aujourd'hui encore. Et l'UNESCO n'a pas manqué d'en organiser la protection (et de trois !).
En face de Split, deux îles valent assurément une halte : la première est Brac, réputée pour ses carrières de pierres blanches, ayant servi à la construction du Palais de Dioclétien (mais aussi de la Maison Blanche à Washington...) Sa plage de galets de « Zlatni rat » (près de Bol), sur une avancée de terre en forme de pointe, fait le bonheur des baigneurs. Plus au sud et passée l'île de Hvar, arrêtons-nous sur Korcula, île dont serait originaire Marco Polo et qui détient avec la ville de Korcula un chef-d'ouvre admirablement conservé du brassage des civilisations en Méditerrannée. On y décèle des présences grecque, romaine, illyrienne, croate et vénitienne.
« Ceux qui cherchent le paradis sur terre doivent venir à Dubrovnik », Bernard Shaw
En longeant la côte vers le sud toujours, c'est Makarska, cité balnéaire qui a donné son nom à toute la riviera longue de 230 km, reliant Split à Dubrovnik, faite d'une succession de criques, de plages et de villages pittoresques. Puis, à l'extrême sud, c'est Dubrovnik, la cité-forteresse bâtie au XIIIè siècle, avec ses remparts et ses grandes tours, agrégation de gothique et de Renaissance. L'ancienne République, indépendante pendant cinq siècles jusqu'à sa dissolution par Napoléon, a conservé tant de chefs d'oeuvre de son glorieux passé que le site figure tout naturellement au patrimoine culturel mondial (et de quatre !). Les réfections se sont succédées à bon train depuis la destruction de nombreuses toitures lors des bombardements de la guerre d'indépendance. Aujourd'hui Dubrovnik retrouve jour après jour son éclat d'origine, qui lui permet de supporter la comparaison avec Venise ou La Valette.
Et en face, c'est encore un archipel d'îles, les Elaphites, quatorze bouts de terre recouverts de végétation luxuriante, dont seul le patrimoine historique peut rivaliser avec la beauté des lieux...
B.K.