Destination Macao, à l'heure du renouveau

Place Leal Senado, Macao

Il n'est pas si loin le temps où le nom de Macao évoquait pêle-mêle les mystères de l'Orient, l'envoûtement du jeu et le royaume des paradis artificiels. Comme les clichés ont la vie dure, on y devinait une sorte de Chicago où la pègre régnait en maître au milieu d'ambiances moites et enfumées, ou encore un Las Vegas en bord de mer, expurgé de toute forme de morale... Et pourtant, depuis quelques années, Macao a véritablement fait peau neuve ! Il lui a fallu pour cela suivre l'exemple de sa voisine élève modèle, Hong Kong. Car de Hong Kong à Macao, il n'y a que l'estuaire de la rivière des Perles à traverser, soit 65 km que l'on parcourt en navette reliant le temple des affaires et de la finance triomphante à une cité encore presque provinciale, qui a aggloméré à travers les siècles les richesses de tous ses conquérants.

Une course à la modernité

Au même titre que Hong Kong, Macao est aujourd'hui une " région administrative spéciale " de la Chine populaire (depuis 1999). Suscitant d'abord les craintes des Macanais, la rétrocession à la Chine a finalement été bien vécue. Elle s'est accompagnée d'un assainissement de la vie économique imposé par les autorités chinoises et d'une importante baisse de la criminalité.

Bénéficiant de la formule mise à l'honneur par Pékin, " un pays, deux systèmes ", Macao n'est pas soumise au système économique socialiste et possède un haut niveau d'autonomie par rapport à la puissance tutélaire. Par effet d'entrainement, Macao s'est lancée dans une course effrénée au développement, avec notamment une forte expansion immobilière, la multiplication des activités commerciales rendue possible grâce à une extension de son territoire sur la mer... Partout des chantiers sont en cours, qui célèbrent le renouveau de Macao en pôle d'attraction touristique : des projets d'hôtellerie de luxe (l'Hôtel MGM Grand Macau, par exemple) voient le jour, mais aussi un vaste programme de restauration des monuments historiques de la Cité.

 

Un patrimoine riche et bien conservé

Le patrimoine historique de l'ancien port marchand portugais est tout simlement phénomenal ! En bonne partie rénové avant la passation de pouvoirs, ce patrimoine architectural de la période faste du Portugal - mâtiné de tradition chinoise - est l'empreinte de Macao. Au XVIè siècle, le conquérant s'installa sur la presqu'île qui devint la plaque tournante du commerce portugais en Orient et connut une grande prospérité. Légèrement dégradé mais jamais détruit, c'est un musée en plein air d'une extraordinaire richesse, un petit concentré de Portugal laissé en héritage, témoin des moments glorieux du passé, avec ses palais aux couleurs pastel, ses églises baroques, ses imposantes forteresses, ses ruelles étroites et silencieuses.

Terre de métissage ethnique et culturel, de nombreuses civilisations ont laissé leur marque sur Macau : ancrée depuis la nuit des temps, la tradition chinoise est bien sûr fortement présente dans les moindres recoins ; mais on y perçoit également des influences néerlandaise, maure, espagnole ou encore britannique. D'un quartier à l'autre, d'une ruelle à l'autre, les panoramas changent en fonction de l'histoire, des cultures, des populations ou des religions qui ont traversé les époques. C'est pourquoi il n'étonnera personne que l'on dénombre, en juillet 2005, 12 édifices inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO sur une superficie d'à peine 27 km². C'est cela qu'il faudra maintenant retenir de Macao !

V.F.