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Les pays baltes, retour aux sources
Trois Etats à l'autre bout du vieux continent réunis dans un passé commun : à découvrir sous l'angle des monuments, du pouvoir et du culte.
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A l'autre extrêmité de l'Europe, les pays baltes se situent aux confins de la mer Baltique (sur le golfe de Finlande pour l'Estonie, le plus septentrional des trois), limitrophes avec le nord-est de la Pologne, le nord-ouest de la Biélorussie et l'ouest de la Russie. En plus de la mer Baltique qu'ils partagent en commun, une grande proximité relie les destins des pays baltes que l'histoire a souvent entrecroisés. Ces territoires subirent l'emprise des conquérants Danois puis Suédois au cours de Moyen-âge, avant de tomber sous l'influence de la Hanse pour les deux plus nordiques ou de faire alliance avec la Pologne en ce qui concerne la Lituanie. Enfin, dès la fin du XVIIIè siècle, c'est le puissant Empire tsariste qui s'empare de ces petites entités baltiques. Une emprise qui perdura jusqu'à la Révolution soviétique, qui leur permit d'accéder une première fois à l'indépendance. Annexés par l'Union soviétique en 1940, c'est en 1991 qu'ils recouvrent à nouveau leur indépendance, conséquence de la Perestroïka. L'adhésion à l'Union européenne en 2004 vient confirmer l'inclinaison naturelle des Etats baltes vers l'Europe et la démocratie.
À la croisée des chemins des religions
Les pays baltes présentent une géographie peu diversifiée - un faible relief, de grands espaces boisés de pins et de résineux, entrecoupés par de grands lacs -, constituant un ensemble assez homogène. Nonobstant des langues de familles différentes (finno-ougrienne pour l'estonien et baltes-orientales pour le letton et le lituanien), ils partagent une même identité forgée par un passé fortement commun, troublé du fait de conquérants laissant leur empreintes architecturales et spirituelles au gré de leurs avancées. L'influence des religions a été un important élément de différenciation des pays baltes. Les ports ouverts sur la Baltique ont laissé libre cours à la Réforme venue des pays scandinaves. À Tallinn, capitale de l'Estonie, l'église Saint-Olaf du XIIIè siècle et l'église luthérienne du Dôme symbolisent ce culte protestant, quand les frontières avec la Russie, notamment autour du lac Peipsi en Estonie, ont permis le développement de l'Eglise orthodoxe dans ce pays qui reste le plus russophone des trois. Ainsi au cour de la capitale estonienne, la cathédrale russe orthodoxe Alexandre-Nevsky impressionne le visiteur avec ses dômes bulbeux. Aussi, à Kuremäe, ville située au nord de lac Peipsi (deuxième plus grand lac d'Europe servant de frontière avec la Russie), est établi une communauté orthodoxe dans un ensemble architectural comprenant un couvent et pas moins de six églises, dominé par la cathédrale de l'Assomption : édifice construit au début du XXè siècle en brique rouge et ocre, avec des façades surmontées de trois arcs, et couronnée de cinq dômes verts.
À Riga (Lettonie) ou à Vilnius (Lituanie), les réfugiés juifs possèdent leurs quartiers et leurs synagogues. Le catholicisme est présent lui aussi, majoritairement en Lituanie, qui longtemps forma une unité avec la Pologne. Vilnius, importante cité médiévale construite sur une colline, est un véritable carrefour de toutes les religions. Confirmant l'extraordinaire richesse architecturale de la capitale lituanienne, le visiteur est ébloui par l'ecléctisme de ses édifices dédiés aux cultes : l'imposante cathédrale néoclassique et son portique à six colonnes doriques ; l'église Saint-Jean restaurée dans le style baroque au cours du XVIIIè siècle ; Sainte-Catherine, une autre église baroque ; l'église gothique Sainte-Anne attenante au monastère des Bernardins, tous deux en brique rouge ; la majestueuse église orthodoxe Saint-Nicolas... À Riga aussi, l'on peut s'émerveiller devant Saint-Pierre, église réunissant les styles gothique et baroque. On rejoindra évidemment sa plate-forme aménagée pour jouir de la meilleure vue panoramique sur la capitale lettone, avec le fleuve Daugava au loin et la cathédrale Dom sur laquelle les époques ont empilé les styles architecturaux. La grande place sur laquelle trône ce dôme abrite également le bâtiment le plus iconoclaste de la ville : il s'agit de la maison de la Confrérie des Têtes noires, lieu de rencontre des marchands depuis le XIVè siècle.
Forteresses du Moyen-âge et demeures Belle Epoque
Au sortir des villes, de magnifiques paysages verdoyants défilent, de paisibles contrées doucement vallonnées et parsemées de lacs, qui ne laissent imaginer qu'autrefois ces terres furent le lieu d'âpres batailles territoriales. Sur les rivages du fleuve Gauja, région abritant aujourd'hui un parc naturel au nord-est de la Lettonie, les châteaux médiévaux témoignent de ce passé tourmenté : ruines de la forteresse médiévale de Sigulda à l'entrée du parc, vestiges du château de Krimulda sur l'autre rive, château épiscopal de Turaida (devenu musée), en brique rouge et entouré d'arbres, ou encore le château médiéval de Cesis, partiellement détruit. Jusqu'aux confins de l'Estonie et sur de larges pans de Lettonie, ces pierres portent en elles les luttent qui ont opposé les envahisseurs de l'Empire germanique à l'ordre des chevaliers de Livonie. De ces derniers subsistent quelques forteresses plus au sud de Lettonie : les ruines du château de Bauska, le château de Aizpute, ou celui de Dundaga, teinté de mystère, les châteaux livoniens de Jaunpils (au bord du lac) et de Ventspils (sur la Baltique )... En Lituanie, s'illustre le château gothique de Trakai, couvrant toute la superficie d'une petite île sise sur le lac Galvé, à 30 km au sud-ouest de Vilnius. La beauté du site en fait une halte incontournable !
Si les vieilles pierres retracent pour partie l'histoire des pays baltes, l'on se trouve tout autant enchanté devant les multiples palais qui ponctuent la visite touristique. Construits sur commande de riches marchands ou par les princes, la réalisation de ces édifices fut confiée aux plus grands architectes de leurs temps - au XVIIIè siècle, souvent italiens -, qui demeurent aujourd'hui des chefs-d'ouvre intégralement restaurés, lovés dans des écrins de verdure. En Lettonie, on ne peut ignorer le somptueux palais baroque de Jelgava, par Bartolomeo Rastrelli ; l'exubérant palais Rundale, de style rococo, par Rastrelli toujours ; le château de Metzotne, de style classique, présent de Catherine II de Russie à la gouverante de ses petits-enfants... Pour l'Estonie, les environs de Tallinn recèlent le splendide château baroque de Kadriorg, résidence d'été des tsars ; le manoir de Palmse et sa façade néoclassique jaune et blanche ; ou encore le manoir de Sagadi, du XVè siècle, et celui de Saue, transformé en hôpital pendant la période soviétique. Quant à la Lituanie, les palais se concentrent dans les cités balnéaires et l'on doit leur existence à l'expansion et à l'insouciance de la Belle Epoque : le palais Tyszkiewicz, de style 1900, situé à Palanga ; le palais néoclassique de Kretinga et son jardin d'hiver ; le palais Oginsky, de style néo-Renaissance, à Plunge.
A.R.